mercredi 19 octobre 2011

Eloge de l'ombre, challenger de nos évidences esthétiques

Je suis en train de lire Eloge de l'ombre de Junichiro Tanizaki. C'est un livre sur "l'esthétique japonaise"... blabla bla... ça vous pouvez le trouver sur Wiki si vous voulez, et je ne suis pas ici pour faire des copiers/collers (je garde ça pour d'autres occasions).

J'ai voulu écrire cet article pour vous parler de deux choses qui me frappent en lisant ce livre.

Pour vous en parler, je suis obligée de commencer par le commencement, et donc par vous expliquer pourquoi je lis ce livre... tout part de là!
J'ai récemment découvert le travail de Yohji Yamamoto, un créateur japonais qui a imaginé toute une collection super-over-size. De notre point de vue Occidental, c'est plus qu'inesthétique, et en plus c'est vraiment très compliqué à porter parce que pas pratique du tout.
Je me suis mise à discuter avec la vendeuse de la mysthique boutique de la rue Cambon, et elle m'a expliqué que justement, l'esthétique était là, dans l'espace qui existe entre le corps et le vêtement. Que les japonais voient la beauté non dans ce qui est visible (comme nous qui mettons notre corps en valeur grâce à des vêtements plus ou moins moulants), mais dans ce qui est caché, ce qui est suggéré.
J'ai trouvé ça très intéressant comme façon de penser, et très intriguant parce que si opposé à ma propre culture.
Du coup lorsque je suis tombée sur ce livre, j'ai voulu le lire!

La première chose qui m'a frappée, c'est que finalement on se rend compte que c'est en vivant au quotidien dans des maisons très ombragées, voire même sombres, que les japonais ont fini par inventer une esthétique dont la beauté ne se révélait qu'au sein de cette ombre.
C'est intéressant parce que je pensais que c'était le contraire... je veux dire qu'on trouvait des choses belles, qu'on avait un sens esthétique particulier et que justement on arrangeait notre vie autour de cet esthétisme pour pouvoir en profiter. Eh bien... en fait non!
Les maisons japonaises sont très sombres, donc les japonais jouent avec les ombres et les matières qui sont sublimées par cette obscurité, et pas les japonas trouvent que certaines choses sont plus belles dans l'obscurité, donc il font des maisons sombres!

La deuxième chose qui est très intrigante c'est qu'en Occident, l'ombre a une connotation très négative autour de la mort, de la pauvreté, de la saleté, du mal... Et on a du mal à imaginer que justement elle puisse être au centre de l'esthétique dans d'autres cultures.
Ce qui ressort beaucoup de ce livre, c'est que chez les japonais l'ombre n'as pas ce côté négatif et inquiétant. Au contraire elle est apaisante et donne vie aux objets par contrase lorsqu'ils sont touchés par la lumière.

Pour conclure, je dirais que Eloge de l'ombre est un petit livre très court et très intéressant, qui donne une vision complètement opposée de la nôtre de ce que peut être l'esthétisme et la façon de le concevoir, un bon moyen de challenger nos évidences quotidiennes. Donc à lire!